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HISTOIRE DE LA GUINÉE
4. La révolution Guinéenne
Dès avant l’indépendance, le P.D.G. se donnait comme ligne d’action " la décolonisation intégrale de toutes les structures du pays ". Il se fixe ensuite pour objectif la construction d’une " société socialiste " par la transformation radicale tant des structures économiques et sociales que des comportements et mentalités, sous la conduite du " responsable suprême de la Révolution ", Ahmed Sékou Touré.
Idéologie totalitaire
Totalitaire, l’idéologie concerne toute la société dans ses groupes et ses classes, chaque individu dans toutes ses activités. Elle est sans cesse rappelée et développée à travers les émissions de radio et les nombreux rapports, discours, écrits de Sékou Touré, à l’occasion des multiples assemblées, conférences et congrès. Elle est contenue dans les trente volumes portant sa signature, références obligatoires dans toutes les expressions publiques d’opinion. Lui seul est habilité à l’exprimer officiellement, si ce n’est à l’élaborer. En dehors de la ligne politique définie par le grand stratège, " on cesse d’être révolutionnaire " et on se situe dans " la classe antipeuple ", celle des traîtres à la Révolution. Dans un vocabulaire de type marxiste où reviennent sans cesse les termes de révolution, de lutte des classes (après 1967), de socialisme, de centralisme démocratique, de pouvoir révolutionnaire, de dictature populaire, de lutte contre l’impérialisme, d’exploitation de l’homme, de ligne de masse... se trouvent véhiculées quelques idées-forces plutôt que la théorie marxiste. Sékou Touré ne se réclame pas du " socialisme scientifique ", ni dans sa version soviétique ni dans sa version cubaine. Ainsi la méthode dialectique est retenue, mais le matérialisme athée est rejeté. On parle de lutte des classes mais on affirme aussi que " le peuple laborieux constitue la classe-peuple ". Le développement économique à réaliser est " non capitaliste " plutôt que " socialiste ". Les principales lignes de force de l’idéologie peuvent être résumées. Sur le plan intérieur, il s’agit de créer une nation guinéenne par-delà les groupes ethniques tout en privilégiant les valeurs africaines authentiques (langues nationales, arts populaires, héros africains) : " Il n’y a plus de Soussou, de Foulah... mais seulement des Guinéens. " Cette nation doit s’organiser en société socialiste, d’où sera bannie toute exploitation de l’homme par l’homme, grâce au parti-État qui permet au peuple d’exercer effectivement et totalement le pouvoir et tous les pouvoirs. Sur le plan extérieur, il s’agit de viser l’unité africaine et de ne s’inféoder ni aux puissances occidentales ni aux puissances socialistes par la pratique du " neutralisme positif ". À ne pas confondre avec une pseudo-neutralité qui n’est que passivité ou indifférence lorsqu’il est " porté atteinte à la liberté des peuples ". Dès lors, la révolution guinéenne " est par son essence même globale et multiforme ; elle va à la racine des choses et arme le peuple [...] afin de le rendre invincible dans l’histoire " (Préambule de la IIe Constitution).

HISTOIRE DE LA GUINÉE
4. La révolution Guinéenne
Dès avant l’indépendance, le P.D.G. se donnait comme ligne d’action " la décolonisation intégrale de toutes les structures du pays ". Il se fixe ensuite pour objectif la construction d’une " société socialiste " par la transformation radicale tant des structures économiques et sociales que des comportements et mentalités, sous la conduite du " responsable suprême de la Révolution ", Ahmed Sékou Touré.
Idéologie totalitaire
Totalitaire, l’idéologie concerne toute la société dans ses groupes et ses classes, chaque individu dans toutes ses activités. Elle est sans cesse rappelée et développée à travers les émissions de radio et les nombreux rapports, discours, écrits de Sékou Touré, à l’occasion des multiples assemblées, conférences et congrès. Elle est contenue dans les trente volumes portant sa signature, références obligatoires dans toutes les expressions publiques d’opinion. Lui seul est habilité à l’exprimer officiellement, si ce n’est à l’élaborer. En dehors de la ligne politique définie par le grand stratège, " on cesse d’être révolutionnaire " et on se situe dans " la classe antipeuple ", celle des traîtres à la Révolution. Dans un vocabulaire de type marxiste où reviennent sans cesse les termes de révolution, de lutte des classes (après 1967), de socialisme, de centralisme démocratique, de pouvoir révolutionnaire, de dictature populaire, de lutte contre l’impérialisme, d’exploitation de l’homme, de ligne de masse... se trouvent véhiculées quelques idées-forces plutôt que la théorie marxiste. Sékou Touré ne se réclame pas du " socialisme scientifique ", ni dans sa version soviétique ni dans sa version cubaine. Ainsi la méthode dialectique est retenue, mais le matérialisme athée est rejeté. On parle de lutte des classes mais on affirme aussi que " le peuple laborieux constitue la classe-peuple ". Le développement économique à réaliser est " non capitaliste " plutôt que " socialiste ". Les principales lignes de force de l’idéologie peuvent être résumées. Sur le plan intérieur, il s’agit de créer une nation guinéenne par-delà les groupes ethniques tout en privilégiant les valeurs africaines authentiques (langues nationales, arts populaires, héros africains) : " Il n’y a plus de Soussou, de Foulah... mais seulement des Guinéens. " Cette nation doit s’organiser en société socialiste, d’où sera bannie toute exploitation de l’homme par l’homme, grâce au parti-État qui permet au peuple d’exercer effectivement et totalement le pouvoir et tous les pouvoirs. Sur le plan extérieur, il s’agit de viser l’unité africaine et de ne s’inféoder ni aux puissances occidentales ni aux puissances socialistes par la pratique du " neutralisme positif ". À ne pas confondre avec une pseudo-neutralité qui n’est que passivité ou indifférence lorsqu’il est " porté atteinte à la liberté des peuples ". Dès lors, la révolution guinéenne " est par son essence même globale et multiforme ; elle va à la racine des choses et arme le peuple [...] afin de le rendre invincible dans l’histoire " (Préambule de la IIe Constitution).