HISTOIRE DE LA GUINÉE - L'accession à l'indépendance
L'indépendance
La scène politique déborde cependant largement le cadre de la Guinée. Le mois de mai 1958 voit également l’effondrement de la IVe République française et provoque le retour au pouvoir du général de Gaulle. Une nouvelle Constitution est aussitôt mise en chantier. Pour les territoires d’outre-mer, déjà semi-autonomes, le débat se fait entre partisans de l’indépendance immédiate ; partisans d’une confédération d’États indépendants composée de la France et d’un groupement d’États africains doté d’un exécutif fédéral (L. S. Senghor, S. Touré) ; partisans d’une communauté de type fédéral avec des rapports inégalitaires entre la France et les membres africains jouissant d’une autonomie interne (F. Houphouët-Boigny). De Gaulle tranche en faveur des derniers : tout État indépendant cessera d’appartenir à la Communauté. On allait ainsi à l’encontre d’un fort courant africain voulant à la fois l’indépendance et l’association avec la France. Aux intéressés de choisir lors du référendum : voter non, c’est l’indépendance avec pour corollaire la sécession, " le territoire sera considéré alors comme étranger ". De Gaulle entreprend un périple en Afrique française pour rallier tous les territoires à la communauté proposée. Tous s’y rallient sauf un, la Guinée. À Conakry, le 25 août 1958, se produit le choc entre les deux conceptions politiques opposées s’incarnant dans deux personnalités abruptes dont l’une, de Gaulle, connaissait son prestigieux passé et assumait un nouveau devenir, dont l’autre, Sékou Touré, était impatiente de tisser son destin et celui de son pays. Sékou Touré : " Nous préférons la pauvreté dans la liberté à la richesse dans l’esclavage [...] ; nous ne renoncerons jamais [...] à l’indépendance [...]. Notre cœur, notre raison, en plus de nos intérêts les plus évidents nous font choisir [...] l’interdépendance et la liberté dans cette union (avec la France) plutôt que de nous définir sans la France et contre la France. " De Gaulle : la France n’a pas à rougir de " l’œuvre accomplie ici avec les Africains [...]. L’indépendance est à la disposition de la Guinée, elle peut la prendre en disant " non " [...], la métropole n’y fera pas obstacle ". Lors du référendum qui s’est déroulé le 28 septembre, la Guinée dit non par 1 136 324 bulletins contre 56 981 favorables au oui. L’indépendance est proclamée le 2 octobre 1958 par l’Assemblée territoriale, devenue Assemblée nationale. Sékou Touré devient chef de gouvernement et le demeurera jusqu’à sa mort en 1984. La Constitution guinéenne est adoptée le 10 novembre. Le nouvel État indépendant devient membre de l’Organisation des nations unies le 13 décembre, pour un vote à l’unanimité ; la France s’est abstenue après avoir refusé de parrainer l’admission.