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Dernière mise à jour Le 20 Août 2011.

HISTOIRE DE LA GUINÉE - La IIéme république

Blocages socio-politiques

Des résultats non négligeables ont sans doute été obtenus en ce qui concerne les agrégats macroéconomiques, comme le produit intérieur brut, dont la croissance aurait été de 4 p. 100 par an depuis 1985 grâce au secteur agricole, tandis que le taux d’inflation aurait été ramené de 72 p. 100 à 19 p. 100. Une certaine compression des dépenses budgétaires a pu être réalisée, la dégradation monétaire partiellement contenue et le service de la dette extérieure assuré. Une reprise de la production agricole et un meilleur approvisionnement des marchés urbains ont été observés. La restructuration industrielle n’a été opérée qu’en partie, même si ce secteur a connu un fort taux de croissance (9 p. 100 en 1989), car on partait de loin. Le désengagement de l’État (fermeture de 120 entreprises publiques) n’a pas été suffisamment relayé par l’entreprise privée, sauf dans le secteur commercial et dans celui des petites et moyennes entreprises. En 1991, 119 entreprises furent créées, mais 70 fermèrent. L’État a dû mettre entre les mains de l’étranger la gestion de secteurs névralgiques, comme celui de l’énergie. Quant à la réfection des infrastructures, toujours à reprendre, il s’agit d’une œuvre de longue haleine, malgré l’ampleur du financement extérieur. De même, la reconstruction de l’État sur de nouvelles bases, celle des appareils administratif et judiciaire en particulier, s’avère beaucoup plus lente et malaisée qu’on ne l’escomptait. Certes, un travail considérable a été accompli en matière de textes réglementaires de toutes sortes : statut de la fonction publique, Code des investissements, Code de la justice, etc. La remise en ordre du système scolaire a été largement effectuée pour les deux premiers cycles. Bref, les réformes de structures ne se comptent plus, car tout était à refaire. Mais les textes n’ont parfois qu’un seul défaut, celui de n’être pas appliqués par ceux-là mêmes, ministres compris, qui en ont la responsabilité. Les résistances ont été sous-estimées. À plusieurs reprises, la Banque mondiale manifestera de l’impatience devant le peu de résultats obtenus : sur 60 000 dossiers de fonctionnaires à reconstituer, 19 p. 100 seulement l’étaient en 1991 ; des fonctionnaires inexistants, les fantômes, continuent à percevoir un traitement... Absentéisme et occupations parallèles demeurent des conditions de subsistance, voire de survie. La part du secteur informel serait désormais évaluée à quelque 65 p. 100 du P.I.B. L’illégalité s’installe : la police perçoit directement sur les automobilistes des compléments de rémunération, au grand dam des finances publiques. La corruption tend aussi à se généraliser, non plus seulement pour l’obtention de passe-droits, mais pour la moindre formalité. L’exemple vient souvent d’en haut. En revanche, les coûts sociaux du programme d’ajustement structurel sont très élevés et les mesures prises pour les amortir quelque peu ne paraissent pas donner de résultats probants. Le renvoi de 47 000 fonctionnaires, les " déflatés ", affecte du même coup le revenu et les conditions de vie de 300 000 personnes, d’autant plus que leur insertion dans le privé a été un échec (constats du ministère du Plan). Aux prises avec des difficultés de toutes sortes, tracasseries administratives, prélèvements indus et autres entraves, le privé n’a pu prendre la relève par des créations d’emplois en nombre suffisant et a procédé lui aussi à des compressions. D’où un chômage accru, auquel vient s’ajouter celui qui frappe les jeunes, car l’État n’assure plus, comme du temps de Sékou Touré, un emploi automatique à la sortie de l’école et de l’université : plusieurs promotions de diplômés se retrouvent à la rue. Par ailleurs, la suppression des subventions aux produits de première nécessité et la libération des prix provoquent des hausses, aggravées par la spéculation à certaines périodes de l’année (ramadan). Elles ne peuvent être compensées par les quelques revalorisations de salaires consenties par le pouvoir, sous la pression sociale et toujours avec retard. On a calculé qu’un fonctionnaire, avec un salaire moyen, ne couvre que le cinquième de ses dépenses pour neuf personnes à charge ! Dès lors, le régime rencontre de plus en plus de difficultés à faire supporter le poids de mesures drastiques dont la population ne voit pas le terme. De graves soubresauts se produisent chaque année : grève des transports publics en 1986 ; grèves des enseignants en 1988 et en 1991 ; manifestations et grèves étudiantes en janvier 1988, puis en décembre 1990 (5 morts, une cinquantaine de blessés), en mai et novembre 1991, en février 1992 ; journées de grève générale à Conakry ; manifestations des déflatés... Face à la conjonction des mécontentements, le pouvoir, trop souvent, ne sait réagir qu’avec une extrême brutalité, sans se soucier ni du droit ni du respect des personnes, en contradiction avec les buts qu’il s’était donnés en avril 1984. À Labé, à la suite du décès d’un prisonnier sous la torture, une échauffourée éclate en 1989 : cinq manifestants sont tués par des soldats ; à Kankan (oct. 1991), le même drame se produit lors d’une marche pour la démocratie. De l’euphorie des débuts, la population est tombée dans la passivité, puis en est arrivée à l’opposition larvée – surtout en milieu urbain – contre un régime militaire qui n’en finit pas de sortir du transitoire.